• La participation des Cahiers pédagogiques à la préparation de cette journée a été l'occasion d'une interview de France 5 retranscrite sur le blog du refus de l'échec scolaire :

    Billet 1

     

    Titre :

    Une école inégalitaire par Nicole Priou

     

    Les résultats de nombreuses recherches  montrent que l’échec scolaire frappe  de façon injuste et que, selon leur origine,  les enfants n’ont pas les mêmes chances de réussite. Loin de s'atténuer, ce mouvement semble s’être accentué depuis quinze ans.  Sans doute n’a-t-on pas su penser, avec l’allongement de la scolarité, un collège adapté  au plus grand nombre. Sans doute aussi ne prête-t-on pas suffisamment attention à certains facteurs aggravants.

     

    Une femme jeune d'origine favorisée, ayant épousé un cadre ou un professeur…

     

    Certaines études [1]montrent qu’au moment de la mise en place du collège unique, tandis que les élèves de milieu populaire accédaient en  grand nombre au collège, puis au lycée,  le recrutement des enseignants allait vers un « embourgeoisement ».  Le rapport à l’« ignorance » de certains élèves n’était sans doute pas du même type chez « les hussards noirs de la République » issus du monde paysan et ouvrier, qu’il peut l’être chez le professeur –type de collège aujourd’hui : une femme jeune  issue de classe moyenne ou supérieure, mariée à un  cadre ou un enseignant[2].

     

    A-t-on anticipé sur les effets de cette évolution ? La lecture des phénomènes d'incivilité, de violence que fait une  femme jeune, étrangère à la culture populaire de ses élèves, risque d’être fortement marquée par les codes propres à son milieu d’origine.

     

    Une étude de Thin et Millet[3] sur ce qu’ils nomment « les corps indociles » des enfants issus du milieu populaire : gestes, attitudes corporelles, rapport à l’espace … montre qu’ils peuvent être facilement stigmatisés  par leurs enseignants en raison de cet écart aux usages et à la norme scolaire.

     

    Un manque d’attention à ces données – moins présentes que certaines autres dans les mentalités- ou une interprétation hâtive de certains comportements, peuvent être lourds de conséquences sur le parcours scolaire de ces jeunes.

     

     

    Par Nicole Priou, rédactrice aux « Cahiers Pédagogiques ». Formatrice.

     

     

      

    Billet 2 :

     

    Titre : Les leviers de la lutte contre l’échec scolaire par Nicole Priou

     

    « Que faire » ?  A question complexe, réponses multiples … à mobiliser de façon convergente !

     

    Sans doute convient-il d’abord  que les enseignants aillent « jusqu’au bout » de la responsabilité qui est la leur. Ne pas se satisfaire d’incriminer les programmes, le ministre, les parents… Même dans des situations de contrainte, un enseignant a des marges de manœuvre. Comment utiliser à plein cet espace d'action, s’autoriser à faire ce qui semble pertinent et que personne d’autre ne fera à notre place si on ne le fait pas ?

     

    Ensuite, encourager l’action collective, concertée. Les équipes d’enseignants solidaires  ont plus de chances, en croisant leurs analyses, de diagnostiquer les vrais problèmes de leurs élèves et  de mettre en  place des projets cohérents, adaptés aux apprentissages du plus grand nombre. Le numéro des Cahiers Pédagogiques qui sort ce mois-ci en donne une illustration.

     

    Mais cette action collective ne naît pas comme par magie : une formation initiale de qualité donne des habitudes de travail concerté et  initie un regard plus juste sur les élèves, sur le rapport au savoir, sur l’école. Mon expérience de formatrice m’a montré que les enseignants peuvent  tirer profit d’outils mis à leur disposition et expliqués : résultats de recherche,  statistiques, études comparatives  venant déminer, parfois, certaines idées reçues. Les échanges entre pairs, à partir des premières expériences dans des contextes d’exercices différents contribuent aussi à donner une vision plus fine et moins simpliste du métier. Les établissements scolaires, s’ils s’emploient à relayer les acquis de la formation initiale et à faciliter l’ancrage sur le terrain, auront aussi à remplir une fonction d’établissements « formateurs ».

     

    Enfin, les acteurs de terrain auront beau faire l’impossible, il est des décisions qui ne relèvent pas uniquement, voire pas du tout, de leur ressort ; pour exemple : les débats actuels sur la carte scolaire, sur les contenus de programme, sur l’organisation du temps scolaire. Au politique d’assumer aussi ses responsabilités, de faire des choix, de donner  une impulsion avec une vraie vision d’avenir. Comme le dit le texte de présentation de la journée du 23 septembre : « C’est en devenant un espace accueillant, juste et efficace pour tous les enfants et les jeunes que l’école remplira ses missions. »

     

    La convergence des réponses

     

    Ce ne sera possible qu’à la condition que  les leviers possibles ne se neutralisent pas. Si les acteurs de terrain se dépensent sans compter pour prendre en charge les  élèves en échec, leurs efforts peuvent se perdre dans les sables face à une gestion de la carte scolaire qui  renforcerait le clivage entre établissements élitistes et  ghettos. De même,  les mesures d’accompagnement à la scolarité ne résoudront rien en profondeur  si on va vers une externalisation du traitement des difficultés d’apprentissage et si le cœur du métier n’est pas ré-interrogé.

    De beaux défis à relever.

     

    Par Nicole Priou, rédactrice aux «  Cahiers pédagogiques ». Formatrice.


    [1] RAMÉ  (L’harmattan 1999),

    [2] TROGER (conférence ISP  1er février  2007)

    [3] Millet (Mathias), Thin (Daniel), « Le classement par corps. Les écarts au corps scolaire comme indice de “déviance” scolaire », Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 3, mars 2007.

     


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  • Machado ? Un lointain souvenir du cours d'espagnol en 2de ou en 1ère.


    J'avais apprécié. Pas tout à fait autant que Federico Garcia Lorca, mais suffisamment tout de même.
    Et puis, 40 ans plus tard je redécouvre ce poème en allant sur le site MCX/ Modélisation de la complexité, site découvert par l'intermédiaire de Jean-Louis Le Moigne, Edgar Morin, Frédérique Lerbet-Séréni. Et là, ce poème de Marchado me parle encore plus, dit bien ce que j'ai toujours tenté de tenir professionnellement : "construire le chemin en marchant":

    Caminante, son tus huellas
    el camino, y nada mas ;
    caminante, no hay camino,
    se hace camino al andar.
    Al andar se hace camino,
    y al volver la vista atras
    se ve la senda que nunca
    se ha de volver a pisar.
    Caminante, no hay camino,
    sino estelas en la mar.
     

     

    Merci , Antonio Machado  !


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